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Crucial BIIP BIIP BIIP
12 juillet 2015

Il serait bien

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Il serait bien, plus avant, plus loin, après, ou point. Mais la distance comme la proximité avec mes pairs, comme l'étranger, avec le différent, n'était plus en soi une direction, ou n'avait de sens. Car mon coeur ne battait que le rythme de la peur et du besoin organique. J'avais l'âge de l'expérimentation, la simple pratique de la survie. Je claudiquais avec une rapidité et une agilité qui auraient pu étonner, compte tenu de ma patte manquante, il n'était toutefois que de rare témoin à ne pas m'oublier de suite, aussi vite. Nous n'étions en effet pas de la même race ni du même monde; j'étais du dégoût, de la maladie et de la peste, de la mort et de cette nuit qui confond tous les vices cependant que la conscience s'en débarrasse dès que possible. Les regards des hommes ne se tournent de plus que vers leur propre chemin, dans une forme de circonvolution et ils ignorent souvent promptement les signes annonciateurs, les messagers du fatal. Ils ignorent tant et tant qu'ils s'oublient eux-mêmes, ainsi que leur lendemain.

C'est le mien m'avait fait sortir de la vieille ville et des ruelles, de ces escaliers tortueux dont les pavés se chevauchaient de manière incongrue et sauvageonne manquant de faire trébucher les jolies gens aux habits soyeux et à la chaussure élégante responsable d'un inconfort tabou que l'on tient caché derrière un faste sourire aux dents ordrées et blanches.

Je pouvais aller sans encombre véritable, sans le poids des jugements entre les aspérités des rue piétonnes mal éclairées, le corps marqué.

Sous les portiques luxueux, il était des serrures électroniques. Les vantaux accédant aux caves se voyaient maintenant affublés d'un grillage fin et infranchissable en sus des barreaux métalliques forgés il y a longtemps. Je me dirigeais vers la petite gare, remontant par le clos de l'église toute proche. Le mur surplombait des places de parc toutes occupées par des voitures. Je croisais l'ombre d'une fouine et suspendue dans l'air chaud et lourd de la saison, son odeur. Je revenais à la hauteur d'une route bitumée, et une poubelle bavait de quoi faire mon repas. Je m'y attardais discrètement, je souhaitais éviter les chats qui ne devaient pas avoir d'autres natures, malgré la rénovation récente, le remaniement économique de ce quartier qui avait vu disparaître ses quelques anciennes maisons cossues et bourgeoises, et les arbres centenaires de leurs parcs.

La circulation ne cessait ici jamais complètement, et les urgences semblaient appeler plus aux heures nocturnes qu'à celle de la journée, elles étaient bruyantes et stroboscopiques. Si mon appétit s'apaisa, je restais sur le qui-vive.

http://crucial.canalblog.com/archives/2015/06/08/32185591.html

 

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